Une sœur Orante de l’Assomption de Butembo.
Nous sommes témoins oculaires d’une situation incompréhensible mais vraie, insupportable et inoubliable.
Suite aux massacres sans non perpétrés au Nord-Kivu, nul ne peut se taire. Le silence de grandes puissances face au génocide appliqué par nos pays voisins et nos propres frères manipulés, « leur instrument », manifeste leur implication dans ces actes inhumains. L’être humain dans son égoïsme, la recherche de son intérêt propre ne sait plus considérer l’autre comme son semblable. La balkanisation et l’exploitation de nos richesses naturelles et souterraines, voilà la raison des tueries sans pitié.
La population victime de ces massacres est obligée de se déplacer des villes, cités et villages. Après Mbau ou nos trois pères assomptionnistes sont disparus suite à un enlèvement depuis plus de 6 ans ; Oicha, Mangina, et actuellement Mutwanga connaissent des atrocités. Des hommes sans consciences égorgeurs, kidnapeurs … sous le nom d’« ADF » ne cessent de déstabiliser la vie d’un peuple innocent dans leurs maisons, leurs champs, en voyage…
Que faire ? ou aller ? Des familles se déplacent nuit et jour en foule en pied, en voiture sans savoir ou reposer leur tête en direction de Beni, Butembo, Goma grandes villes de la région. Il faut les voir arriver avec leur petit bagage ou sans bagage s’attrouper sur les places publiques sans en être touché ! Enfants, jeunes, adultes, vieux sans avenir, dépourvus de tout ; sans logis, sans vêtement, sans nourriture, sans soins. Ou sommes-nous, dans quel monde !
Avec leur bonne volonté, des personnes les accueillent soit dans leur maison, soit dans des classes, soit en location assurée par des volontaires. Comme marque de compassion, en face de cette misère, plusieurs personnes se sont dépouillées des quelques biens afin de leur venir en aide. Dans des quartiers, certains responsables sont chargés de les rassembler pour un lieu commun de partage et un jour fixé.
A Beni, ils se rassemblent dans des terrains de football pour chercher de quoi manger, de quoi se vêtir, de quoi se couvrir. A Butembo c’est dans des paroisses pour bénéficier de ce que des volontaires viennent déposer pour eux et cela chaque mardi. Quelle souffrance lorsqu’on avait des possibilités de se prendre en charge ! Suite à cette situation stressant, dénigrant, beaucoup meurent subitement après une maladie de courte durée non seulement les déplacés mais aussi le peuple meurtri.
Cette situation est en train de se dégrader jusqu’à ce que le peuple réclame le départ de la Monusco de la région, accusée de favoriser les malfaiteurs sous prétexte de veiller sur le peuple. Nous sommes dans le 11ème jour de ville morte dans la région pour cette cause. Marches de colère, barricades des routes pour dire à la Monusco part de chez nous est le seul moyen de défense, des petits David en face de Goliath. Même les enfants entre 8 et 12 ans ont sillonné la ville de Butembo jusqu’à la mairie pour réclamer l’arrêt des tueries et le départ de la Monusco. Des victimes de ce désordre, ils n’en manquent pas à cause du comportement malveillant des militaires qui tirent sur la population pour protéger la Monusco. Quel renversement des valeurs !
Des évêques de l’Afrique Central sont venu compatir et interpeler ouvertement le gouvernement congolais et internationale face à cette situation difficile mais sans effet palpable. La Conférence Episcopale Congolaise ne cesse de lancer des messages au gouvernement congolais pour les appeler à leur responsabilité mais sans suite satisfaisante. Toutefois, nous savons qu’ils œuvrent pour la recherche de la paix. Les prières organisées pour la paix au Congo, n’en parlons pas. Nous ne cessons de recourir vers celui qui est notre Paix, Joie « MUNGU MUSA » en kinande et littéralement « Dieu Seul » en français qui apporte paix et joie intérieure. Ce temps de Pâque est pour nous une expérience de la foi nue au-delà de toute tribulation.
Nous pouvons proclamer avec assurance avec Saint Paul que rien ne pourra nous séparer de l’Amour du Christ. Ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l’avenir, ni anges, ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, ni aucune créature rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Notre Seigneur (Rm 8, 31-39). Notre espérance s’affermit car ce qui se passe sur cette terre est éphémère.
Si plusieurs d’entre nous sont encore vivants c’est parce que le Seigneur combat pour nous de plusieurs manières. Nous en sommes reconnaissantes.
Nous tenons dans la prière de nos frères et sœurs chrétiens qui nous rejoignent de par le monde entier. Merci.