La force des paroles

Nous tous avons un instrument puissant à notre portée, instrument que nous pouvons utiliser de manière constructive ou destructive. Cet instrument est la parole. Par elle nous nous révélons les uns aux autres, nous montrons ce qui nous habite, ce qui constitue le fond de notre nature intime, profonde. Nous pouvons déclencher par les paroles des tourments inouïs, ou nous pouvons guérir des blessures cachées.

« Nous savons que les mots possèdent une formidable puissance et que certaines paroles peuvent aider, redonner du courage, mettre debout. Mais nous savons aussi que la langue peut constituer un instrument terrible qui peut blesser, meurtrir, faire du mal. » (Extrait du livre Talitha Koum, Eveille la source qui est en toi, de Patrice Gourrier et Jérôme Desbouchages.)

Je désire témoigner d’une situation où les paroles m’ont révélé encore une fois leur extrême puissance dans la création d’une certaine atmosphère. Etant en chemin vers la maison, une personne m’a rattrapée et elle s’est mise directement à dénigrer une tierce personne que nous connaissions toutes les deux. Dès le début de ses paroles j’ai éprouvé la  nocivité qu’elle instillait dans mon cœur et j’ai réagi en cherchant à désamorcer la tension qu’elle répandait, peut-être sans le savoir. La médisance est tellement répandue en société que nous ne nous rendons même pas compte du mal que nous  diffusons en nous engageant dans de telles situations.

Comme le dit le pape François, « il semble ainsi plus facile de mettre des pancartes et des étiquettes qui figent et stigmatisent non seulement le passé mais aussi le présent et l’avenir des personnes. Il y a ici les bons et là-bas les mauvais; ici les justes et là-bas les pécheurs. »

Pareille attitude pollue tout parce qu’elle élève un mur invisible qui laisse croire qu’en marginalisant, en séparant, ou en isolant, se résoudront magiquement tous les problèmes.

Ces murmures et chuchotements d’une société mal intentionnée l’entraine alors dans un cercle vicieux de divisions, de récriminations et de condamnations ; elle entre dans une attitude sociale de marginalisation, d’exclusion et de confrontation.

Le problème est de désamorcer de manière paisible la nocivité qu’on est en train de répandre. Pour cela il est bon peut-être de faire de remarques de nature à rappeler que la condition humaine est fragile est soumise à des faiblesses inhérentes, qu’elle traverse des moments où le mal surgit par-dessus et la volonté se trouve submergée. Il est important aussi de préserver sa paix intérieure pour ne pas accuser ni la personne qui se trouve devant nous, ni la personne dont il est question. Une attitude de bienveillance intérieure envers les personnes peut nous aider à trouver un équilibre entre ce que nous avons à dire et ce que nous devons taire, en fonction de la situation.

La paix, par conséquent, devrait être de plus en plus considérée comme la pierre angulaire de la vie quotidienne de tous les  individus, à la fois en termes de prévention et de réconciliation, en particulier dans les contextes marqués par des troubles, dans les situations d’hostilité, d’après-conflit ou de contestation. Autrement dit, la paix au quotidien n’est pas un aspect mineur, sporadique ou éphémère. Il s’agit d’une mise en pratique de la paix, qui s’insère dans le tissu de la vie quotidienne, d’une paix comprise par des individus vivant dans le monde réel.

Ainsi, les paroles méchantes, les propos cyniques, que nous pouvons entendre ou prononcer, ne sont pas neutres, et constituent l’expression de quelque chose de plus profond. Ils débordent du cœur. Loin de nous décourager, ce constat doit nous pousser à transformer notre cœur, et à dominer notre langue.

Cultiver tout d’abord dans son for intérieure la paix, la compréhension envers les autres, l’amour fraternel, donnera son fruit en un temps de tempête du cœur où les paroles surgissent de ce qui a alimenté le long des jours notre intériorité.

Et puis, la désinformation se répand invariablement plus vite que l’information exacte ou utile. La raison de cette différence est que la désinformation, qui est généralement à la base des rumeurs, de la propagande et des discours de haine, a seulement besoin d’un public et de certaines conditions préalables comme l’inquiétude et le soupçon, qui sont évidemment loin de manquer.

L’information, par contre, requiert une plus grande aptitude à replacer les choses dans leur contexte, ainsi que l’éducation, la réflexion et la discussion, pour extraire ce qu’elle peut contenir d’utile. C’est pourquoi la désinformation l’emporte souvent sur l’information, en particulier à court terme.

Autrement dit, une paix durable est le produit d’une culture de la paix et d’un état d’esprit individuel et collectif qui favorise des comportements spontanés et réfléchis propices à la tolérance, à l’ouverture et au dialogue.

Sœur Elisabeta Balint OA

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Editorial

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