Sr. Gabriella Bottani et Stefano Volpicelli
Sr Gabriella Bottani, smc (Sœurs Missionnaires Comboniennes, Coordinatrice Internationale de Talitha Kum depuis 2015) et Stefano Volpicelli (Expert en Sciences Sociales pour les Migrations et la Traite des Personnes, collabore avec l’UISG depuis 2004).
“La traite des êtres humains est une plaie dans le corps de l’humanité contemporaine, une plaie dans la chair du Christ. » (Discours du Pape François aux participants à la Conférence Internationale sur la Traite des Êtres Humains,10 avril 2014) La traite des êtres humains est un crime horrible impliquant des millions de femmes, d’hommes et d’enfants du monde entier, qui sont gravement exploités et réduits en esclavage. Ce phénomène tragique est apparu simultanément dans toutes les parties du monde au début des années 1990. En Europe, dans l’Asie de l’Est, et dans le Pacifique, il se caractérise principalement par l’exploitation sexuelle (66%), alors qu’en Asie Centrale la majorité des victimes est destinée au travail forcé. Le nombre de personnes concernées, adultes et enfants des deux sexes, est en constante augmentation, tout comme les différents types d’exploitation. Les buts de la traite de personnes sont : l’exploitation sexuelle (prostitution, pornographie, services d’escorte, cybersexe) ; le travail forcé (agro-pastoral, bâtiment, restauration, production industrielle, industrie de la pêche, industrie du service), l’aide domestique, la mendicité forcée, les infractions mineures ; le prélèvement d’organes ; les mariages forcés ; les enfants soldats / le recrutement des groupes terroristes ; l’adoption illégale ; la GPA commerciale.
Ces dernières années, la traite est de plus en plus liée aux flux migratoires. La traite des personnes représente une expression perverse et très réelle du processus de mondialisation ainsi que de la commercialisation de tout et de tous. Et c’est l’une des entreprises illégales les plus profitables, avec le trafic de la drogue et celui des armes. 72% des personnes exploitées sont des femmes ou des jeunes filles. Talitha Kum entre dans le récit violent de l’exploitation et de la traite des personnes en conjuguant des gestes d’accueil, de soin, d’émancipation, d’inclusion, et de bien.
Les débuts de Talitha Kum remontent à la fin des années 90, quand des Sœurs travaillant auprès de femmes victimes de violence ou en situation d’exploitation sexuelle, principalement en Europe, découvrirent la douloureuse et violente réalité de la traite des personnes. Elles perçurent rapidement l’ampleur et la complexité du phénomène, et elles commencèrent à échanger entre elles afin de mobiliser davantage de ressources et surtout de sensibiliser leurs congrégations à ce qui se passait.
L’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), désormais pleinement consciente de la situation, demanda à la Commission Justice et Paix de l’UISG (JPIC) d’organiser des rencontres pour étudier ce problème qui ne faisait que s’aggraver. L’une de ces réunions se tint à Rome en 1998, avec la participation de Sr. Lea Ackermann, SMNDA, engagée depuis 1985 au Kenya dans le travail contre la traite humaine. Le principal résultat de cette rencontre avec Sr Lea fut la création du Groupe de Travail Contre la Traite (Anti-Trafficking Working Group, ATWG) de la Commission JPIC.
En 2001, l’ATWG présenta le phénomène de la traite humaine à plus de 800 supérieures générales réunies à Rome pour la Plénière de l’UISG. Dans leur déclaration finale, les participantes à cette Assemblée affirmèrent :
« Nous, près de 800 supérieures d’un million de membres d’Instituts Religieux Catholiques du monde entier, déclarons publiquement notre détermination à travailler en solidarité les unes avec les autres au sein de nos propres communautés religieuses et dans les pays où nous nous trouvons pour lutter avec insistance à tous les niveaux contre l’abus et l’exploitation sexuelle de femmes et d’enfants, en portant une attention particulière à la traite des femmes qui est devenue un commerce lucratif multinational ». (Déclaration des Supérieures Religieuses : Bulletin UISG – Numéro Spécial 116)
L’engagement manifesté publiquement en 2001 fut reconfirmé par les Supérieures Religieuses lors de la Plénière de l’UISG de 2004, ouvrant ainsi la voie vers une plus grande collaboration entre les congrégations religieuses impliquées dans la lutte contre la traite.
Dès ses débuts, cette initiative, appelée Talitha Kum, fut le fruit du dialogue et des processus de discernement effectués par les Sœurs engagées sur le terrain avec les supérieures des congrégations féminines.
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Article complet : http://www.internationalunionsuperiorsgeneral.org/uisg-bulletin-n-1722020/