Risque de balkanisation de l’Est de la RDCongo

Diocèse de Butembo-Beni
Commission Diocèsaine Justice et Paix

-
-
-
-
-
-
-
-


Risque de balkanisation de l’Est de la RDCongo
« Ne soyez pas complices des malheurs dans lesquels sont tenus vos frères et
sœurs »
 (cfr. Hymne du Carême : « Puisque Dieu nous a aimés »)
Depuis le 05 novembre 2019, suite au lancement des offensives militaires contre les
ADF à Beni, plusieurs attaques de représailles sur les populations civiles dans les
zones rurales ainsi que la ville de Beni ont été enregistrées. Depuis cette date, plus
de 150 personnes « civiles » ont été tuées dans les attaques armées, dont la plupart
en ville et territoire de Beni. Certaines de ces attaques ont été menées en face des
bases de la MONUSCO à savoir, à Boikene et à Mayimoya.
(…)
Recommendations :
Il est grand temps de repenser notre façon d’agir et d’adopter de nouvelles stratégies
pour restaurer la paix définitivement à l’est de la RDC en général et à Beni ville et
territoire en particulier.
 Prendre au sérieux la question de la balkanisation : Il s’agit des provinces de
l’Ituri, du Nord-Kivu et du sud-Kivu qui sont concernés par ce plan. Nous avons des
informations de plus en plus persistantes.
Plaidoyer : dénoncer ce plan au près des autorités congolaises, notamment l’ancien
régime et informer le nouveau en même temps que la communauté internationale.
 Exiger des résultats à nos FARDC. Comment ? il faut changer tous les
militaires (officiers et soldats de rang) soupçonnés dans la complicité avec les forces
rwandaises, ougandaises, et mêmes kenyanes, tanzaniennes et burundaises ou
tirant profit économiquement de ces opérations militaires au détriment de leur
mission républicaine. Permuter les militaires issus des branches armées (RCD,
CNDP, M23, etc.) de l’est vers l’ouest ; revoir la planification, la stratégie et la
communication des opérations actuelles (sécuriser les populations en même temps
qu’on attaque l’ennemi en profondeur) ; finir la question des FDLR qui
s »apparentent étrangement à certaines ethnies implantées en RD Congo ;
 Supprimer tous les groupes armés mai mai : actuellement, il est signalé la
présence de NDC (Groupe Mai mai Nduma Defence of Congo) à l’ouest de l’axe de
la route Nationale N°4 allant de Beni à Bunia. Ces NDC sont connus comme
travaillant soit avec certains politiciens congolais, soit avec certains officiers des
FARDC pour un projet contre la République ;
 Le Gouvernement congolais doit s’impliquer clairement et directement, sinon il
risque d’être surpris quand la balkanisation aura commencé. Il y a des officiers
auquel il ne doit plus faire confiance. Il faut les éloigner stratégiquement…
 Diligenter une enquête internationale indépendante sur la situation à Beni afin
d’identifier les auteurs des massacres pour les déférer aux instances juridictionnelles
compétentes pour qu’ils répondent de leurs actes ;
 Exiger une opération du genre « Artémis » qui avait fait ses preuves dans
l’Ituri afin de répondre à « l’inefficacité » actuelle des FARDC et éviter le
« génocide » à Beni et la balkanisation de l’Est de la RD Congo ;
 A long terme, restaurer l’autorité de l’Etat à travers tous ses services ;
 Diligenter un programme de solidarité nationale pour assurer une aide
humanitaire aux personnes sinistrées : les déplacés, mais aussi les personnes
restées sur place dans les zones en conflits. Le dernier rapport fourni par OCHA
Beni en date du 17 décembre 2019 sur l’emplacement des nouveaux PDIs
(Personnes Déplacées Internes) suite aux derniers affrontements et insécurité dans
les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu fait état de 30 000 PDIs sur l’axe LUNABWANASURA-KOMANDA, 11 300 PDIs sur l’axe OICHA-ERINGETI, 14 000 PDIs
sur l’axe BENI-MANGINA-BYAKATO, 26 449 PDIS en provenance de MBAU et
OICHA sont en ville de BENI.
A cette situation humanitaire, on ne doit pas oublier la perturbation de l’année
scolaire et académique consécutive à ce contexte qui expose les enfants et les
jeunes à se faire enrôler dans les groupes armés.
En définitive, il est donc urgent de prendre des mesures nécessaires pour rétablir la
paix, la sécurité et le développement dans cette partie de la RDCongo.


Faite à BUTEMBO, le 19 décembre 2019
Pour la Commission Diocésaine Justice et Paix/Butembo-Beni
Abbé Aurélien KAMBALE RUKWATA, Directeur

Partage

Editorial

Plus d'articles :

Envoyez-nous un message