Être Église en Amazonie

Synode pour l’Amazonie
Résumé du document de travail


Le Synode aura lieu du 6 au 27 octobre 2019 sur le thème « Amazonie : de nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale ».


Le cri de l’Amazonie est au cœur du document de travail du Synode. Elle appelle l’Église à être son alliée en allant en aide à tous ceux qui demandent le respect de leur dignité humaine et à vivre vraiment en plénitude, notamment les pauvres. Le document de travail a été présenté à la presse le lundi 17 juin par le Secrétariat général du Synode des évêques. C’est le résultat d’un processus d’écoute qui a commencé par la visite du pape François à Puerto Maldonado, au Pérou, en janvier 2018, et s’est poursuivi avec des consultations dans toute la région amazonienne, ainsi qu’une deuxième réunion du Conseil présynodal en mai dernier.


L’Amazonie s’étend sur une superficie de 7,8 millions de kilomètres carrés et comprend des territoires appartenant à neuf pays différents : le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane française. Sa forêt tropicale humide (5,3 millions de kilomètres carrés) est la plus étendue au monde et constitue une source irremplaçable d’eau douce, d’oxygène et de biodiversité pour la planète.


« La voix de l’Amazonie » est le titre de la première partie du document et présente la réalité du territoire et de ses peuples. Ici, l’accent est mis sur la relation entre la vie et l’eau, en soulignant que les grands fleuves qui traversent la région sont essentiels non seulement pour la flore et la faune du territoire et de la terre, mais aussi pour la subsistance, la culture et la spiritualité de milliers de communautés indigènes, d’autres minorités et d’agriculteurs qui vivent dans la région amazonienne.


La vie en Amazonie est menacée


La vie est menacée par la destruction et l’exploitation de l’environnement, par la violation systématique des droits fondamentaux des peuples amazoniens, notamment par la violation des droits des populations autochtones, tels que le droit à la terre, à l’autodétermination, à la consultation et au consentement préalable. Selon les communautés qui ont participé au processus d’écoute synodal, leur vie est menacée par les intérêts économiques et politiques des secteurs dominants de la société actuelle, en particulier par les intérêts des sociétés minières. En outre, les changements climatiques et l’intervention humaine accrue (déforestation, incendies et changement d’affectation des terres) ont placé l’Amazonie sur un chemin sans retour, avec des taux élevés de déboisement, de déplacements forcés de populations et de pollution qui mettent ses écosystèmes en danger et exercent une pression sur les cultures locales.


Le cri de la terre et des pauvres


Dans la deuxième partie, le document analyse les enjeux et propose des suggestions relatives à l’écologie intégrale. Comme il est exprimé dans les rapports que les Églises locales ont remis au Secrétariat général du Synode, l’Amazonie est aujourd’hui « une beauté blessée et déformée, un lieu de douleur et de violence ». La violence, le chaos et la corruption sont endémiques. Le territoire est devenu un lieu de conflits et d’extermination des populations, des cultures et des générations. Il y a ceux qui sont forcés de quitter leurs terres, et qui tombent souvent dans des réseaux criminels, le trafic de drogue et la traite des êtres humains (en particulier des femmes), le travail des enfants et la prostitution. C’est une réalité tragique et complexe, dépassant les limites de la loi et des droits.


Un territoire d’espérance et de « bien-vivre »


Les populations amazoniennes originaires ont beaucoup à nous apprendre. Pendant des milliers d’années, elles ont pris soin de leur terre, de leur eau et de leur forêt, et ont réussi à les préserver jusqu’à ce jour afin que l’humanité puisse bénéficier des dons gratuits de la création de Dieu. De nouveaux chemins d’évangélisation doivent être bâtis, en dialogue avec la sagesse ancestrale dans laquelle se manifestent les semences de la Parole. Le Synode de l’Amazonie est un signe d’espérance pour les peuples amazoniens et pour l’humanité.


Les populations aux périphéries


Le document de travail analyse aussi la situation des populations autochtones en isolement volontaire. Selon les données provenant d’institutions ecclésiastiques spécialisées, il existe entre 110 et 130 populations autochtones volontairement isolées, vivant en marge de la société ou ayant des contacts sporadiques avec elle. Elles sont vulnérables aux menaces que représentent les trafiquants de drogue, les mégaprojets d’infrastructure et les activités illégales liées à l’industrie extractive.


Les peuples amazoniens se déplacent


L’Amazonie est l’une des régions d’Amérique latine où la mobilité interne et internationale est la plus élevée. Selon les statistiques, la population urbaine de l’Amazonie a augmenté rapidement ; actuellement, entre 70 et 80 % de la population vit dans des villes, qui accueillent en permanence un grand nombre d’immigrés, mais qui ne peuvent pas leur fournir les services essentiels dont ils ont besoin. Bien que l’Église ait accompagné ce flux migratoire, il reste des lacunes pastorales à combler.


Une Église prophétique en Amazonie : défis et espérances


Enfin, la dernière partie du document de travail invite les Pères synodaux de l’Amazonie à discuter du deuxième point du thème proposé par le Pape : de nouveaux chemins pour l’Église dans la région.


Les communautés locales ont besoin d’une Église qui participe, qui soit présente dans la vie sociale, politique, économique, culturelle et écologique de ses habitants ; d’une Église accueillante envers la diversité culturelle, sociale et écologique afin de pouvoir servir les personnes ou les groupes sans discrimination ; d’une Église créative qui puisse accompagner son peuple et l’aider à mettre en œuvre de nouvelles réponses aux besoins urgents ; une Église harmonieuse qui favorise les valeurs de la paix, de la miséricorde et de la communion.


Les sacrements et la piété populaire


Les communautés ont souvent du mal à célébrer l’Eucharistie à cause du manque de prêtres. « L’Église vit de l’Eucharistie » et l’Eucharistie construit l’Église. Pour cette raison, au lieu de laisser les communautés sans l’Eucharistie, les critères de sélection et de préparation des ministres autorisés à la célébrer devraient être modifiés. Les communautés demandent que la piété avec laquelle le peuple pauvre et simple exprime sa foi, à travers des images, des symboles, des traditions, des rites et autres sacramentaux, soit mieux appréciée, accompagnée et encouragée. Il s’agit de la manifestation d’une sagesse et d’une spiritualité qui constituent un lieu théologique authentique avec un grand potentiel évangélisateur. Il serait opportun de reconsidérer l’idée selon laquelle l’exercice de la juridiction (pouvoir de gouvernement) doit être lié à tous les domaines (sacramentel, judiciaire, administratif) et, en permanence, au sacrement de l’Ordre.


Les nouveaux ministères


En Amazonie, en plus de la pluralité des cultures, les distances suscitent un grave problème pastoral qui ne peut être résolu par les seuls moyens mécaniques et technologiques. Il est nécessaire de promouvoir les vocations indigènes des hommes et des femmes pour répondre aux besoins de la pastorale sacramentelle ; leur contribution décisive réside dans l’impulsion donnée à une évangélisation authentique d’un point de vue autochtone, selon leurs us et coutumes. Ce sont des autochtones qui prêchent aux autochtones en ayant une connaissance profonde de leur culture et de leur langue, capables de communiquer le message de l’Évangile avec la force et l’efficacité de ceux qui ont le même bagage culturel qu’eux. Il faut passer d’une « Église qui visite » à une « Église qui demeure », qui accompagne et qui est présente à travers les ministres locaux.


Affirmant que le célibat est un don pour l’Église, le Document déclare que, pour les zones les plus reculées de la région, il faut étudier la possibilité de l’ordination sacerdotale pour les hommes mariés ayant une famille. La clause, qui vise à assurer les sacrements qui accompagnent et soutiennent la vie chrétienne, précise que ces hommes doivent être de préférence des personnes aînées autochtones, respectées et acceptées par leur communauté.


Le rôle des femmes


Il reste à identifier le type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes, en prenant en compte le rôle central que celles-ci jouent aujourd’hui dans l’Église en Amazonie.
Il est demandé de reconnaître le rôle des femmes, avec leurs charismes et leurs talents, et qu’elles puissent se réapproprier de la place que Jésus a donnée aux femmes, « là où il y a de la place pour toutes et pour tous ». Il est proposé aussi de leur garantir la possibilité d’exercer des fonctions de responsabilité, et d’avoir une place plus importante dans le domaine de la formation : théologie, catéchèse, liturgie et écoles de foi et de politique.


La vie consacrée


Il est donc proposé de promouvoir un modèle alternatif et prophétique de vie consacrée, qui soit un modèle intercongrégationnel et interinstitutionnel. Avant tout, il doit y avoir une disponibilité à « être là où personne ne veut être et avec qui personne ne veut être ». Il est recommandé que la formation à la vie religieuse comprenne des processus centrés sur l’interculturalité, l’inculturation et le dialogue.


L’œcuménisme


Le document souligne aussi un phénomène important à prendre en compte, à savoir la croissance rapide des récentes églises évangéliques d’origine pentecôtiste, surtout dans les périphéries : « Elles nous montrent une autre manière d’être Église, où le peuple se sent protagoniste et où les fidèles peuvent s’exprimer librement sans censure, ni dogmatismes ni discipline rituelle ».


Église et pouvoir : le chemin de la croix et du martyre


Être Église en Amazonie, c’est remettre prophétiquement en question le pouvoir, parce que dans cette région les personnes n’ont pas la possibilité de faire valoir leurs droits contre les grandes entreprises économiques et les institutions politiques. Aujourd’hui, remettre en cause le pouvoir pour défendre la terre et les droits de l’homme, c’est mettre sa vie en danger, en ouvrant un « chemin de la croix et du martyre ». Le nombre de martyrs en Amazonie est alarmant (par ex., au Brésil seulement, entre 2003 et 2017, 1 119 autochtones ont été tués pour avoir défendu leurs terres). L’Église ne peut rester indifférente à cela ; au contraire, elle doit aider à protéger les défenseurs des droits de l’homme et commémorer ses martyrs, notamment les femmes leaders, comme Sœur Dorothy Stang SND, assassinée à Anapu, une ville de l’État du Pará, dans le bassin amazonien du Brésil.


Les voix de l’Amazonie appellent le Synode des évêques à donner une nouvelle réponse aux différentes situations et à chercher de nouvelles voies qui rendent possible un kaïros pour l’Église et le monde.


C’est le bon moment, le moment crucial et opportun !


Sr. Anne McCabe, soeur Mariste.


Pour le document de travail complet : http://www.sinodoamazonico.va/content/sinodoamazonico/fr/documents-/instrumentum-laboris-.pdf

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