Ecologie intégrale, ce réseau de multiples valeurs englobant la nature et l’homme, la société et l’environnement, l’histoire et le politique, l’économie et la morale, un monde de réseaux à l’échelle terrienne semblable aux galaxies de l’univers découvertes aujourd’hui par des satellites super performants. Ecologie intégrale, ce mot frôle déjà nos oreilles depuis Laudato Si, non seulement nos oreilles chrétiennes mais aussi celles de tous les hommes de bonne volonté, de tout ceux et celles sensibles à notre terre et aux crises climatiques de notre temps, essentiellement la population la plus jeune mais aussi les scientifiques qui annoncent « un suicide humanitaire » ou « une sixième extinction de masse » depuis l’origine d’une terre habitée. Si nous ne changeons pas notre comportement, notre mentalité, notre manière de vivre, nous ne pourrons pas y échapper : évidence ou risque ? L’écologie intégrale plonge ses racines dans la doctrine sociale de l’Eglise et en laisse sourdre une Espérance par la seule transition valable : le respect de la dignité humaine et de toute forme de vie.
Comme nombre de crises en notre humanité, celle que nous vivons actuellement serait-elle la pire comme celle annoncée par beaucoup comme une extinction de la race humaine. Serait-elle en symbiose avec une sixième extinction de masse que plusieurs observateurs annoncent dans les signes du changement climatique et la destruction de la biodiversité. Serait-elle aussi la disparition de notre Dieu qui a osé se faire homme. L’écologie intégrale serait-elle devenue, au centre de son interrogation, celle mettant Dieu même en péril, car notre foi chrétienne proclame que Dieu s’est fait homme.
Vous me direz que je vais un peu loin, je ne pense pas, car souvent un dieu balaie l’autre, alors, comme peut-on faire pour sortir de cette énigme ou de cette crise de la foi, pouvons nous un jour traverser le voile de notre intelligence visible pour entrer dans ce que je dirai notre intelligence invisible, pouvons-nous passer des ténèbres à la lumière ou encore de la mort à la vie mais d’une manière plus pointue de la justice à la miséricorde.
Le défi le plus grand de notre temps est bien d’entrer dans ces noces de la justice et de la miséricorde, qui est une question existentielle, car c’est en elle que Dieu s’est fait homme, Lui le seul juste et le Seul miséricordieux. Je n’aurai pas de réponse ou encore moins de solution, car notre Dieu n’est pas Celui qui répond mais Celui qui fait passer le gué, d’une rive à l’autre. L’écologie intégrale où tout est lié, nous dit d’abord ce mystère de salut : il n’y a pas de justice sans miséricorde mais pas plus de miséricorde sans justice. Seule la transformation radicale de notre cœur nous permet d’entrer dans ce mystère qui traverse nos ambigüités et nous fait sortir de la division productrice de mort pour nous faire entrer dans la séparation productrice de vie.
Cette transformation ne peut se faire que par le pauvre, le pauvre n’est pas celui que je vois mais celui qui me voit, qui m’a repérée. Cette personne, le pauvre, m’a repérée par ce manque et cette angoisse ultime que je laisse béante et qui peut donner naissance à cette fleur de bonté qui n’est autre que les ailes de la miséricorde faisant vibrer le bâton de la justice et qui peut seulement se laisser recueillir dans des mains ouvertes, offertes ou encore vides. Lui, le pauvre, celui qui m’a vue, m’a souri et m’a fait déjà entrer dans ces noces éternelles, car il m’a déjà enfantée dans ses entrailles.
La reconnaissance de cet homme nouveau pourrait se voir car déjà il est naissant mais seulement en balbutiements alors qu’en Dieu il a poussé sont premier cri en la Parole Créatrice, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.
Myriam Collon psa
Photo: Patricia Sacré, psa